Dans un monde professionnel où la quête de l’équilibre entre vie personnelle et carrière est de plus en plus prégnante, le droit à la maternité et son impact dans le milieu du travail continuent de soulever des interrogations et des inquiétudes. Selon une étude récente réalisée par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), le congé maternité est perçu par une grande majorité de femmes cadres comme un frein à leur évolution hiérarchique, impactant leur carrière sur plusieurs années.
Un retour de congé maternité souvent difficile
Le retour à la vie professionnelle suite à un congé maternité s’apparente, pour beaucoup de femmes cadres, à un parcours semé d’embûches.
Près de la moitié d’entre elles décrivent cette reprise comme difficile, voire très difficile pour un petit pourcentage. Ce constat est alarmant : ces femmes, déjà confrontées aux défis de la maternité, doivent réintégrer un environnement professionnel peu préparé à les accueillir de nouveau à bras ouverts.
Des entreprises mal préparées
L’étude de l’APEC dévoile que 71% des femmes cadres estiment que les structures pour lesquelles elles œuvrent ne sont pas suffisamment organisées pour gérer leur retour post-maternité. La réalité est que beaucoup d’organisations ne respectent pas l’entretien de retour au travail, pourtant obligatoire, qui permettrait de faciliter la réadaptation des employées. Ces dernières doivent donc souvent s’informer par elles-mêmes des changements intervenus durant leur absence et s’adapter à de nouvelles méthodes de travail ou outils informatiques, sans accompagnement formel.
L’implication durant le congé maternité
Le principe de déconnexion durant le congé maternité, bien qu’étant une obligation légale, n’est pas toujours respecté. Certaines cadres continuent de suivre leurs emails, de s’impliquer dans la gestion des clients ou de participer à des réunions en ligne, ce qui brouille la frontière entre vie professionnelle et personnelle. En outre, l’absence de remplacement ou un remplacement mal géré pendant leur congé peut mener à une surcharge de travail au retour, ou pire, à la perte de leur poste initial.
Un « impensé » pour les entreprises
Le congé maternité est souvent perçu par les entreprises, non comme un événement naturel et prévisible, mais plutôt comme un contretemps dans la carrière de la femme cadre. Cette vision traduit un déni de la normalité de la maternité et réduit ce congé à une absence problématique plutôt qu’à une étape légitime de la vie professionnelle d’une femme.
Des pratiques à changer
Malgré ce tableau sombre, l’APEC suggère des pratiques positives pour éviter de faire porter aux femmes seules le poids du renouvellement de la population. Ces pratiques incluent des mesures de flexibilité, déjà mises en œuvre dans d’autres circonstances, pour accompagner de manière efficace le retour de ces femmes cadres et assurer la continuité de leur évolution professionnelle.
Conclusion : vers un changement de paradigme
La maternité ne devrait pas être un frein à l’ascension professionnelle des femmes cadres. Les entreprises doivent se réinventer, adopter des pratiques plus inclusives et flexibles pour accompagner leur retour au travail après un congé maternité. Il est fondamental que le monde professionnel reconnaisse et valorise la maternité comme une étape normale et enrichissante dans la vie d’une femme, qui ne devrait pas pénaliser sa carrière. Il est temps d’opérer un changement de paradigme pour que les femmes puissent s’épanouir tant dans leur vie personnelle que professionnelle, sans avoir à sacrifier l’une pour l’autre.
En route vers une égalité professionnelle réelle
L’heure est à l’action. L’étude de l’APEC souligne un besoin criant de redéfinir les normes en entreprise pour permettre une véritable égalité des chances. Il est essentiel de repenser les structures, d’innover en matière d’organisation du travail et de mettre en place un suivi adéquat pour les femmes cadres. Cela passe par la sensibilisation, la formation et, surtout, par la volonté des entreprises de s’engager dans cette voie. Le défi est de taille, mais la récompense – une société plus équitable et des entreprises plus performantes – en vaut la chandelle.